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Libération

La grande distribution soutient la substitution

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Carrefour a été récompensé par l'ONU pour son soutien à la culture du café colombien.
publié le 29 novembre 2004 à 3h13

Bogota de notre correspondant

Dans le petit village de San Miguel, perdu sur un pan de cordillère du sud-ouest de la Colombie, Honorato Duran fait ses comptes. Avec 5 000 pieds de café, il «a enfin trouvé une issue» pour abandonner la coca. Après avoir longtemps connu l'argent facile du trafic, mais aussi vécu dans la peur de l'armée et des règlements de compte, le vieux paysan s'est mué en caféiculteur... et fournisseur de Carrefour. Comme lui, plus de 3 300 familles du pays ont échappé à l'économie de la drogue grâce à la multinationale. Pour leur avoir fourni un débouché «à des conditions économiquement favorables», Carrefour a reçu avant-hier le prix de Vienne, décerné par les Nations unies et la société civile autrichienne.

Coup d'image. La coopération inédite entre la chaîne et les paysans colombiens a été impulsée, il y a trois ans, par Thierry Rostan, consultant français des Nations unies. L'ONU et l'Etat colombien appuyaient alors des coopératives d'agriculteurs sortis de la coca, mais il leur manquait des acheteurs réguliers et respectueux. «Sans marché rentable, explique Rostan, la substitution des cultures illicites n'était pas possible.» Il démarche plusieurs distributeurs, jusqu'à obtenir l'accord de Carrefour. «C'était pour nous le moyen d'aider le pays», affirme Mario Acevedo, conseiller en communication de l'entreprise. Et aussi un bon coup d'image, «pour ne pas être vus comme une simple multinationale qui fait ses négoces».

Depuis lors, le groupe offre aux pay