Bogota de notre correspondant
Une fleur blanche pourrait permettre aux paysans colombiens d'abandonner la culture de la coca, base de la cocaïne. C'est ce qu'espère le chimiste Fabio Cabezas, dans son laboratoire de l'université du Cauca, dans le sud-ouest du pays. Son équipe a découvert les vertus d'une plante presque inconnue des scientifiques : la Caliphruria subedentata, de son petit nom «varita de San José». Tout comme le perce-neige et la jonquille, ses cousins de la famille des amaryllidacées, cette fleur native de Colombie contient dans son bulbe un alcaloïde précieux, la galanthamine, qui ralentit l'évolution de la maladie d'Alzheimer.
«Echapper au trafic». La préparation pharmaceutique de cette substance, brevetée par la multinationale Janssen-Cilag sous le nom de Reminyl, se vend à plus de 250 euros le gramme, ce qui pourrait faire de la varita un pactole végétal. Un demi-hectare bien exploité, selon les chercheurs, suffirait à faire vivre une famille d'agriculteurs ; le bulbe s'épanouit de plus à la même altitude que la coca, autre alcaloïde lucratif mais illégal qu'il pourrait remplacer. «Ce serait pour les paysans une façon d'échapper au trafic, projette Fabio Cabezas, et les réfugiés entassés dans les bidonvilles pourraient retrouver une activité rentable à la campagne.»
Il y a dix ans, le chimiste s'est vu suggérer par des collègues botanistes «de jeter un coup d'oeil» à cette plante ignorée, menacée de disparition par la déforestation et seulement utilisée par