Bangkok intérim
«Si ce que l'on fait subir aux grands fonds océaniques se déroulait sur la terre ferme, l'indignation publique serait telle que l'exploitation cesserait immédiatement.» Avec d'autres scientifiques, de quelques Etats et de plusieurs ONG, Sylvia Earle, de l'organisation Conservation International réclame un moratoire sur la pêche dans les grands fonds proposition qui se heurte au refus catégorique de l'Union européenne. Son but : faire cesser cette activité le temps d'en étudier l'impact sur la richesse écologique du fond de l'océan, immense et encore inexplorée.
Fonds raclés. Cela ne fait qu'une dizaine d'années que les scientifiques ont entrepris les difficiles et coûteuses recherches sur ces écosystèmes. Mais, déjà, ils constatent d'immenses dégâts sur les «coraux froids», ces cousins des massifs tropicaux, qui sont accrochés aux flancs des montagnes sous-marines, entre 200 et plus de 1 000 mètres de fond. «On estime que déjà 50 % des coraux du large de la Norvège ont été détruits, avant même que les scientifiques ne les aient découverts», explique Alex Rogers, chercheur au British Antarctic Survey. Responsables désignés : les énormes chaluts utilisés pour racler les fonds, qui peuvent peser jusqu'à 30 tonnes lorsqu'ils sont pleins ; une telle masse brise sur son passage entre 95 et 98 % des coraux, détruisant l'habitat nécessaire à la vie en profondeur. «C'est comme si l'on utilisait des bulldozers pour attraper des écureuils en forêt», s'exclame Sylvia Ear