Si les lichens sont contaminés autour du centre CEA de Valduc, ce n'est pas le cas des feuilles d'arbres et des céréales. Pour le comprendre, il faut se rappeler que les végétaux et les lichens forment, grâce à l'énergie du soleil, des molécules organiques à partir d'eau et de CO2 atmosphérique. Si l'eau utilisée pour cette photosynthèse contient du tritium, la radioactivité se retrouvera fixée dans la matière organique de la plante. Or les lichens ont des caractéristiques différentes des autres végétaux qui lui confèrent son aptitude de pompe à radioactivité. Faute de racines, les lichens captent en effet la vapeur d'eau atmosphérique ou l'eau de pluie qui ruisselle, alors que les végétaux puisent surtout leur eau dans le sol, qui n'est pas contaminée autour de Valduc.
De plus, les lichens tirent leur croissance lente et régulière d'une photosynthèse efficace toute l'année. A l'inverse, les végétaux ordinaires vivent par cycles : photosynthèse et croissance en été, inactivité en hiver. Une éventuelle radioactivité fixée l'été sera perdue à l'automne avec les feuilles, et une émission hivernale ne laissera aucune trace. «Les lichens sont des bio-indicateurs de l'environnement, explique le lichenologue Damien Cuny, de la faculté de pharmacie de Lille, puisqu'ils peuvent accumuler les métaux lourds et les isotopes radioactifs. Les teneurs qu'on y retrouve traduisent les doses reçues tout au long de leur vie.» Mais les lichens sont de mauvais mouchards puisqu'on ne peut dater le