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Libération

Radioactivité flottante autour d'un centre atomique

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publié le 3 décembre 2004 à 3h18

Le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) peut s'en mordre les doigts. Des recherches indépendantes, qu'il a initiées et encouragées, montrent pour la première fois que le nucléaire militaire français est loin d'être aussi propre qu'il ne l'affirme. Un article qui vient de paraître dans une revue scientifique respectée, le Journal of Atmospheric Chemistry, le suggère en tout cas fortement : il montre que les lichens prélevés autour du centre de Valduc (Côte-d'Or), où le CEA assemble et démantèle les bombes H de l'armée française, présentent des concentrations en tritium (isotope radioactif de l'hydrogène) mille fois supérieures à la normale... et difficilement compatibles avec les chiffres d'émissions atmosphériques de tritium publiés par le CEA de Valduc depuis 1986.

10 tonnes.

L'affaire commence en 1996, quand le CEA militaire tente de se convertir à la transparence. A Valduc, site ultraprotégé qui n'a longtemps même pas figuré sur les cartes, une Structure d'échange d'information sur Valduc (Seiva) est fondée, associant élus locaux et scientifiques de l'université de Dijon, pour organiser la communication en direction de la population. La Seiva dispose d'un petit budget pour mener des analyses de radioactivité. En 2000, elle passe un contrat avec une association, l'Observatoire mycologique, pour une campagne de prélèvement des lichens autour de Valduc. A la tête de l'Observatoire, Olivier Daillant, interprète professionnel de son état mais surtout passionné de mycologie. L