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Libération

Colombie : racheter la terre... pour la rendre aux Indiens

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publié le 9 décembre 2004 à 3h23

Des êtres «flottants», «morts». C'est ainsi que se décrivent les Kogis, Amérindiens de Colombie. Flottants parce que privés de leurs terres ancestrales, coupés de leurs sites de culte, de leurs «lieux-racines». Des 500 000 membres approximativement dénombrés au XVIe siècle, il ne reste plus aujourd'hui que 12 000 représentants des communautés kogies. Descendants de la civilisation précolombienne des Tayronas, ils ont été «redécouverts» en 1950 par un anthropologue. Depuis l'arrivée des Espagnols, ils s'étaient repliés plus haut dans les montagnes, derrière la forêt tropicale. Volontairement, ils menaient une existence secrète et isolée dans la Sierra Nevada de Santa Marta, une montagne située à 45 km de la mer, cernée par l'eau et les déserts. Mais depuis une trentaine d'années le monde extérieur a brisé leur paix, et leur territoire n'a, depuis, cessé de se restreindre.

«Pris en étau». Les guerres civiles qui minent la Colombie, la colonisation et la déforestation pour la construction de routes les ont poussés à se replier encore plus haut dans la montagne. «Depuis un an, leur situation s'est encore aggravée, témoigne Eric Julien, un Français qui les côtoie depuis vingt ans. Ils sont pris en étau entre les guérilleros, les narcotrafiquants et les paramilitaires qui se disputent cette région.» C'est pour les aider à retrouver leur environnement, et leur mode de vie, que ce géographe de formation, consultant en entreprise, a créé en 1997 l'association Tchendukua-Ici et Ailleur