Les chiffres donnent le vertige. Plus d'un milliard d'enfants, soit la moitié des enfants du monde, vivent dans des conditions misérables qui les empêchent de se développer sainement, menaçant ainsi l'avenir de nations entières. Et des millions d'entre eux meurent tous les ans sous la pression conjuguée de la pauvreté, du sida et des guerres, un véritable «cocktail tueur d'enfants» a estimé hier Jacques Hintzy, président de l'Unicef France, en présentant à Paris le rapport annuel de cette agence de l'ONU consacrée à l'enfance.
Liste édifiante. «C'est un cercle vicieux catastrophique, explique-t-il. Le sida nourrit la pauvreté qui nourrit la guerre qui nourrit la pauvreté et le sida... Aujourd'hui, nous tirons la sonnette d'alarme car ce constat n'est pas une fatalité. Les moyens financiers dans le monde existent ; la seule chose qui manque, c'est la volonté politique !» L'Unicef a dressé une liste édifiante de sept «privations de base» : 640 millions d'enfants n'ont pas de logement adéquat, 500 millions n'ont pas accès à des installations sanitaires, 400 millions n'ont pas d'eau salubre, 300 millions sont privés d'information, 270 millions ne bénéficient pas de soins de santé, 140 millions ne sont jamais allés à l'école (des filles pour la plupart), 90 millions sont sous-alimentés. Et il ne faut pas croire que cette misère se limite aux pays pauvres. «Dans 11 des 15 pays industrialisés étudiés, la proportion d'enfants vivant dans des ménages à faible revenu a augmenté au cour