Sydney, de notre correspondante.
Il y aura des pièges, des fouilles et des patrouilles. Transformé en chef de guerre, le ministre australien de l'Environnement avait, en août, décrété la mobilisation générale contre le Bufo marinus, le crapaud-buffle ou crapaud des cannes à sucre. Mais rien ne semble pouvoir arrêter la longue marche de ce batracien à travers le continent australien. Il menace la ville de Darwin, qu'il pourrait atteindre au printemps.
Têtard tueur. Originaires d'Amérique du Sud, 102 crapauds-buffles furent importés d'Hawaii en 1935 pour combattre un scarabée qui attaquait les champs de canne à sucre dans l'Etat du Queensland. On découvrit, un peu tard, que l'animal ne sautait pas assez haut pour atteindre le sommet des tiges, où s'accrochaient les insectes, mais aussi qu'il pouvait se déplacer, d'environ 30 kilomètres par an. Aujourd'hui, les crapauds ont atteint le nord du pays et envahi le parc national de Kakadu, classé au patrimoine mondial, déclenchant l'affolement des autorités et la colère des écologistes. Car le Marinus n'a rien d'un prince. Verruqueux et aussi large qu'un plat à tarte, il porte à l'épaule des glandes remplies d'un venin qui paralyse un chien en quinze minutes. Dans les musées australiens, on peut voir des serpents avec un crapaud dans la gueule, si vite intoxiqués qu'ils n'ont pas eu le temps d'avaler leur proie. Tout petit déjà, le Marinus est un vrai poison. Têtard, il tue les poissons qui l'avalent.
Sans rival et gourmand, ce crapaud