Noyelles-Godault envoyée spéciale
«Ici, bientôt, on mangera par terre.» C'est le dépollueur de Metaleurop qui le dit. Sur le site de l'ancienne fonderie de Noyelles-Godault (Pas-de-Calais), Patrice Dauvin, PDG de Sita France la filiale de Suez qui a repris le site , arpente les lieux avec confiance. Les pieds emballés dans des housses protectrices, on patauge dans une gadoue de plomb, de zinc, de cadmium, d'hydrocarbures. Des fûts d'acide sulfurique, par milliers de litres, dans les bâtiments alentour. De l'arsenic, invisible, logé dans certains composants. Du pyralène dans une vingtaine de transformateurs. Quelques kilos de mercure liquide dans les labos. Près de 82 000 mètres carrés d'amiante. De la poussière de métaux lourds partout. Le tout évalué à la louche à 100 000 tonnes de déchets toxiques. L'ancienne fonderie, à l'arrêt total depuis février 2003, ne fait pour l'instant pas envie. Avant de sortir la nappe à carreaux et de déballer son camembert, il faudra attendre... 2009. D'ici là, comment transformer la friche industrielle la plus polluée de France, abandonnée par son actionnaire majoritaire (1), en «vitrine du développement durable» ? Et, au passage, gagner de l'argent ?
«Travail de fourmi». Après les patrons voyous, les dépollueurs sioux. On démonte et on vend tout ce qui peut se recycler. L'acier des moteurs, des câbles, des poutres. L'aluminium des passerelles. Les tuyauteries de plomb nettoyées des litres d'acide qui y stagnent , les radiateurs. Sita esp