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Libération

Au Japon, l'ours noir adoré mais abattu

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publié le 30 décembre 2004 à 3h39

Maruta envoyé spécial

«Des ours peuvent apparaître. Faites attention !» Le long d'une route de montagne au paysage somptueux menant à Maruta, un hameau de vingt maisons isolées à la lisière d'une forêt de la préfecture de Yamanashi (à deux heures au nord-ouest de Tokyo), des panneaux rongés par la rouille mettent en garde les passants contre les ours rôdant aux alentours. A Maruta, on s'est depuis longtemps habitués à vivre non pas avec les ours mais avec l'idée qu'ils vivent tout près. Ici, le kuro kuma (ours noir de 50 à 80 kilos), descendant d'un illustre lignage d'Asie, fait partie du décor. «Quand j'étais enfant, la maîtresse d'école répétait qu'il fallait faire attention aux ours. Sur le chemin de l'école, on agitait une clochette pour leur faire peur, se rappelle Kobayashi-san, née à Maruta il y a quarante-six ans. Aujourd'hui, on dit qu'ils sont moins nombreux.» L'un de ses voisins, Hashimoto-san, un ouvrier de 52 ans au visage cireux, n'avait jamais vu d'ours jusqu'en juin dernier, quand, parti un dimanche à l'aube ramasser des légumes et des fruits des bois, il s'est retrouvé aux abords d'un chemin à quelques enjambées d'un imposant ours noir. «J'ai eu très peur, il était massif, plus d'un mètre à terre, armé de grosses griffes, témoigne Hashimoto-san. Je ne sais pas lequel des deux a eu le plus peur. J'ai chuté avant de fuir en courant.»

Rencontres. «Nous recevons sans cesse des rapports de témoins ayant vu un ours, dit Shigeru Omata, attaché à l'environnement à la