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Libération

Kiruna, la ville du fer déménage

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publié le 4 janvier 2005 à 23h24

Kiruna (Suède) envoyé spécial

Toutes les nuits à 1 h 30, la ville de Kiruna tremble. C'est à peine perceptible, mais ça tremble. A cette heure-là, sont déclenchées les explosions, à 1 045 mètres de profondeur dans les entrailles de la mine toute proche, la plus grande mine souterraine de fer au monde. Depuis un siècle, cette exploitation située au-delà du cercle polaire, au coeur de la Laponie immense et dépeuplée, a fourni 1 milliard de tonnes de minerai de fer et largement contribué au financement de l'Etat-providence suédois.

Cette ville emblématique de la Suède moderne a été bâtie de toutes pièces pour les besoins de la mine, avec les meilleurs architectes de l'époque, comme une cité socialement modèle. Aujourd'hui, elle est face à un formidable défi : la demande mondiale de fer est telle que l'extraction minière menace à terme la cité à cause des fissures du sous-sol et des risques d'éboulement.

200 logements rasés. Conséquence, il va falloir déplacer une partie de cette ville de plus de 20 000 habitants. Du jamais vu en Suède. «Nous avons prévenu la commune il y a un an», note Karl Wikström, responsable des questions de droit minier à LKAB, la société publique qui exploite la mine, «lorsque nous avons mesuré que les fissures rocheuses provoquées par l'exploitation actuelle se développaient bien plus vite que prévu. En fait, même si LKAB fermait ses portes aujourd'hui, il faudrait de toute façon évacuer une partie de la ville.»

Ainsi, celle que l'on appelle ici «la mine de