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Libération

A Locarn, des étourneaux en nuées nuisibles

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publié le 5 janvier 2005 à 23h24

Locarn envoyé spécial

Tout semble réglé comme du papier à musique. Au coucher du soleil, on entend d'abord les détonations qui se font écho dans la campagne, comme des coups de fusils censés chasser «les envahisseurs». Puis le ciel s'emplit de myriades de petites taches noires qui surgissent des quatre coins de l'horizon et convergent en silence. Sur les landes de Locarn (Côtes-d'Armor), les étourneaux, par centaines de milliers, sont de retour pour une nouvelle nuit. Ils tournoient un instant au-dessus des sapins, avec des bruits d'océan se fracassant contre une falaise, puis ils se posent sur les résineux et s'endorment d'un seul et même mouvement. Demain, vers 9 heures, ils repartiront en nuées vers les champs. Pillant les étendues fraîchement plantées de céréales, s'introduisant par volées dans les granges et les étables pour y picorer le maïs d'ensilage réservé au bétail.

Exaspération. Voilà vingt ans que cela dure, de mi-octobre à mi-mars. Vingt ans que ces petits passereaux, chassés par le froid des plaines d'Europe de l'Est, de Pologne ou de Russie, viennent se réfugier en Angleterre, dans le centre de l'Espagne et en Bretagne. Vingt ans que les exploitants agricoles du secteur de Locarn, à 40 kilomètres à la ronde, supportent cette calamité. Pourtant, cette fois, ils n'en peuvent plus.

«Depuis toutes ces années, il y a eu des promesses mais rien de sérieux n'a été fait, s'insurge Christophe Pinson, qui exploite une ferme de 70 hectares et 40 vaches laitières. On nous d