Où les albatros, ces grands voyageurs, passent-ils les dix-huit mois qui séparent deux saisons de reproduction ? On ignorait quasiment tout des migrations de ces oiseaux très menacés. Pour la première fois, des chercheurs britanniques ont suivi 22 albatros à tête grise adultes, durant cette mystérieuse période. Car connaître leurs habitudes et leurs trajets peut, selon les auteurs de l'étude, aider à les sauver (1).
En avril 1999, John Croxall, du British Antarctic Survey, a fixé avec ses collègues des enregistreurs (sortes de petits GPS) sur les pattes de 47 albatros à tête grise (Thalassarche chrystostoma) au terme d'une saison de reproduction, à la fin de l'été austral à Bird Island en Géorgie-du-Sud (Antarctique). Dix-huit mois plus tard, en novembre 2000, les chercheurs ont pu récupérer 35 des enregistreurs, dont 22 ont fourni des données complètes sur l'emploi du temps des oiseaux. En effet, les appareils permettaient de relever deux positions par jour. Ces données quotidiennes ont été téléchargées à leur retour, permettant aux chercheurs de découvrir que les albatros employaient trois stratégies distinctes : certains restent sur le lieu de reproduction près de Bird Island ; d'autres s'envolent pour un endroit utilisé par d'autres albatros au sud-ouest de l'océan Indien ; d'autres enfin partent pour une grande migration et font le tour du pôle (le plus rapide l'a fait en 46 jours), certains le font même deux fois, ils peuvent parcourir 950 km par jour.
De petits détails