La migration favorise-t-elle la propagation du virus du sida ? Depuis l'apparition de la maladie, au début des années 80, la question mobilise de très nombreux experts. Pour beaucoup, la migration est considérée comme un véritable moteur de l'épidémie, la maladie devenant une pathologie «d'importation» (dans le pays d'origine) ou «d'adaptation» (au pays d'accueil). Une enquête, récemment publiée par l'Institut de recherche pour le développement (IRD) basé à Dakar, vient apporter un éclairage nouveau à ce phénomène. Menée à partir de 2000 (1) dans la vallée du fleuve Sénégal par deux démographes de l'IRD et de l'université de Montréal, elle suggère que, sous le poids du contexte social, la plupart des migrants sénégalais abandonneraient les comportements sexuels à risque adoptés durant leur éloignement. Un constat qui pourrait expliquer, selon ces deux chercheurs, le maintien d'une prévalence du sida plus faible au Sénégal que dans d'autres pays d'Afrique de l'Ouest, tels le Burkina Faso, la Côte-d'Ivoire ou le Mali.
Accusation. «Dans la vallée du fleuve Sénégal, l'islam est pratiqué de façon très orthodoxe, la sexualité est fortement contrôlée, notamment chez les filles, qui ont une quasi-obligation de mariages précoces. Il est aussi très difficile d'avoir des relations sexuelles hors mariage», explique Richard Lalou, sociodémographe à l'IRD, un des auteurs de l'étude. «Les migrants internationaux (ceux qui étaient partis à l'étranger, ndlr) sont des personnages importants po