Porto Alegre (Brésil) envoyée spéciale
Ils se sont mis un peu à l'écart, dans un vallon du parc Marina do Sul. Leurs trois grandes tentes blanches accueillent la nation indienne d'Amérique latine. «Ceux qui s'intéressent vraiment à nous trouveront», sourit Sebastiao Haji Manchineri, coordinateur de la Coica, la fédération des associations indigènes du bassin amazonien. Ils ont sorti leurs plus belles coiffes de plumes, leurs bandeaux de tête tissés, leurs colliers de perles, leurs chapeaux noirs. Question d'identité, qu'ils sont venus défendre à quatre cents, du Mexique au Chili, invités pour la première fois au Forum social mondial. Ils veulent parler de la terre, et des droits qu'on ne leur reconnaît pas. Une «Constitution indigène». Discuter de la formation d'hommes politiques, de professeurs et d'ingénieurs qui leur ressemblent. A la tribune, un Chilien, qui se sent «seul tout au sud du continent», est juste content d'être là.
Dehors, deux femmes mangent, assises sur l'herbe. Elles viennent de Sarayaku, au sud de l'Equateur, pour défendre la cause du peuple quechua. «Nos territoires légaux sont concédés à des compagnies pétrolières par l'Etat, qui considère que le sous-sol lui appartient et se moque de savoir comment les gens vivent dessus, explique Patricia Gualinga. Sous prétexte que le pétrole représente 35 % du revenu national, il faudrait accepter le saccage de nos terres.»
Elle raconte plus de dix années de lutte contre la prospection pétrolière. Les leaders indiens q