Peycouk (Sénégal) envoyée spéciale
A Peycouk, les enfants jouent dans la rue, les femmes nettoient les cases, les vieux discutent sous l'arbre à palabres. Mais à Peycouk, les 2 000 habitants ont un autre point commun : la lèpre.
«Chez nous, ce n'est pas un gros mot mais hors du village, on ne peut pas dire qu'on est fils de lépreux.» Yankhoba Bâ est né en 1965. Ses parents, lépreux, se sont rencontrés ici car le petit village, situé à 80 km de Dakar, est une ancienne léproserie créée en 1914. Désormais, on préfère l'appeler village de reclassement social...
«Du point de vue de la loi, ces villages ne sont pas considérés comme normaux, leur fondement a été l'isolement des malades et leur nom est connu de tous. Si vous dites que vous habitez à Peycouk, les gens vous associent toujours à la lèpre», se désole Yankhoba le président du comité villageois de développement.
«Etiquette». Et même si la lèpre ne concerne désormais plus que 187 habitants, le village reste, en vertu d'une ancienne loi, placé sous la tutelle du ministère de l'Action sociale, de la Famille et du Développement et non sous celle du ministère des Collectivités locales. «Du coup, ces villages ne peuvent pas participer aux décisions politiques du pays, explique Claudia Hirzel, de la DAHW, une association allemande d'aide aux lépreux, ils ne sont pas inclus dans les structures politiques ni dans les programmes nationaux comme la lutte contre la pauvreté, alors même qu'ils sont habités par les plus pauvres.»
Le chef du