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Libération

Au Kenya, la guerre de l'eau fait couler le sang

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publié le 8 février 2005 à 0h26

Namuncha envoyé spécial

Ses sandales à semelles en pneu bien ancrées sur un rocher glissant, Joseph Ole Kishau plonge ses mains et son visage dans l'eau fraîche du Waso Kidong, ruisseau pour lequel quinze personnes ont trouvé la mort au cours d'affrontements tribaux voilà deux semaines. Au bord, sont éparpillés des éclats de canalisation en plastique, des câbles et les restes calcinés de poteaux électriques, vestiges d'un détournement d'une partie du ruisseau par un politicien pour irriguer sa ferme. «L'eau allait nous manquer. Si nous n'avions pas détruit ces installations, ce sont nos animaux et notre population qui allaient mourir», justifie Joseph Ole Kishau, chef traditionnel massaï de Namuncha, zone semi-aride de la vallée du Rift, à 50 kilomètres de Nairobi. «Nous n'avons pas à regretter ça, même si j'étais contre la guerre qui a suivi.»

Tensions ethniques. Depuis deux mois que la grande majorité du Kenya subit la saison sèche, les conflits meurtriers liés au contrôle de la terre, des pâturages et de l'accès à l'eau se sont multipliés, prenant souvent un caractère ethnique. A Mandera, dans l'extrême Nord-Est, des affrontements entre éleveurs nomades ont fait au moins 30 morts. A l'ouest, près de l'Ouganda, des centaines de policiers et militaires ont dû intervenir fin janvier pour mettre fin aux descentes d'éleveurs de l'ethnie pokote, équipés d'armes automatiques, contre les fermes des Luhyas.

Autour de Namuncha, en plus des 15 morts, quelque 5 000 personnes auraient fu