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Libération

Au Venezuela, la lagune à cours d'eau des pêcheurs añun

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par François Meurisse et Raphaëlle BESSE DESMOULIERES
publié le 9 février 2005 à 0h27

Sinamaica envoyés spéciaux

Quand Amerigo Vespucci accosta avec ses compagnons en Amérique du Sud en août 1499, il trouva un air italien aux cabanes sur pilotis devant ses yeux. Et baptisa alors sa découverte «Petite Venise» : Venezuela. Cinq siècles plus tard, dans la lagune de Sinamaica, au nord-ouest du pays, les longues jambes des maisons de bois continuent à s'enfoncer dans l'eau. Seuls quelques fils électriques et des antennes télé troublent la carte postale. Les habitants, les Indiens Añun (le «peuple de l'eau») eux non plus n'ont pas changé. Sur les barques sans moteur, dans les baraques bariolées, à l'école, on lutte. Car aujourd'hui le peuple de l'eau a soif.

Dans la cuisine de Jenni, les robinets sont rouillés. Inutile de les tourner, rien ne s'en échappera. Tuyauterie et éviers sont un simple décor. L'eau courante n'est pas arrivée jusqu'ici. Ni même l'eau potable. Pour faire la vaisselle ou se laver les mains, Jenni puise dans un bidon rempli d'eau de pluie. Comme les 3 000 habitants de la zone, elle a regardé les travaux d'adduction commencer puis s'arrêter. Aujourd'hui, elle a cessé d'y croire.

En dépit du bon sens. Depuis des lustres, l'eau potable n'est qu'une promesse électorale... Le gouvernement Chavez avait promis que tout serait prêt pour le 12 octobre dernier, anniversaire de la «découverte» de l'Amérique, rebaptisé «Jour de la résistance indienne» au Venezuela. Las, les tuyaux sont restés secs. La faute à des travaux réalisés en dépit du bon sens. Pour la