Le cas annoncé à New York d'une personne contaminée par le sida et présentant, malgré tous les traitements, un développement ultrarapide de la maladie, préfigure-t-il un tournant dramatique de la pandémie ? Gianfranco Pancino, directeur de recherches à l'Inserm, étudie depuis vingt ans, à l'Institut Pasteur, les défenses naturelles contre les virus, notamment celui du sida. Il analyse les probabilités d'un tel scénario-catastrophe.
Le cas présenté à New York vous paraît-il inquiétant ?
Pour l'instant, nous n'avons pas assez d'éléments sur ce cas isolé pour nous prononcer. On ne sait pas, notamment, si cet homme qui prenait au moins une drogue n'avait pas une immunité déficiente. L'héroïne, par exemple, a tendance à faire chuter les défenses immunitaires. Il serait donc tout à fait prématuré de dire que nous avons affaire à un nouveau virus. Toutefois, il est légitime de s'inquiéter. Car ce cas a quelque chose d'étonnant : il est à la fois résistant à pratiquement tous les médicaments et extrêmement fulgurant.
En quoi cela est-il surprenant ?
Aucun de ces caractères, pris isolément, n'a rien d'exceptionnel. On sait en effet qu'environ 5 à 10 % des personnes contaminées développent la maladie en un temps assez court. On sait aussi que les traitements échouent dans environ 20 % des cas. Mais c'est la première fois qu'on constate à la fois une multirésistance et un développement rapide de la maladie. Toutefois, on ne peut pas dire aujourd'hui si cela est dû au virus. Il semble p