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Interview

«L'hypothèse d'un nouveau virus du sida est prématurée»

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Gianfranco Pancino, directeur de recherches à l'Inserm, revient sur l'apparition d'un cas atypique, ultrarésistant et fulgurant, révélée vendredi à New York.
publié le 15 février 2005 à 0h34

Le cas annoncé à New York d'une personne contaminée par le sida et présentant, malgré tous les traitements, un développement ultrarapide de la maladie, préfigure-t-il un tournant dramatique de la pandémie ? Gianfranco Pancino, directeur de recherches à l'Inserm, étudie depuis vingt ans, à l'Institut Pasteur, les défenses naturelles contre les virus, notamment celui du sida. Il analyse les probabilités d'un tel scénario-catastrophe.

Le cas présenté à New York vous paraît-il inquiétant ?

Pour l'instant, nous n'avons pas assez d'éléments sur ce cas isolé pour nous prononcer. On ne sait pas, notamment, si cet homme ­ qui prenait au moins une drogue ­ n'avait pas une immunité déficiente. L'héroïne, par exemple, a tendance à faire chuter les défenses immunitaires. Il serait donc tout à fait prématuré de dire que nous avons affaire à un nouveau virus. Toutefois, il est légitime de s'inquiéter. Car ce cas a quelque chose d'étonnant : il est à la fois résistant à pratiquement tous les médicaments et extrêmement fulgurant.

En quoi cela est-il surprenant ?

Aucun de ces caractères, pris isolément, n'a rien d'exceptionnel. On sait en effet qu'environ 5 à 10 % des personnes contaminées développent la maladie en un temps assez court. On sait aussi que les traitements échouent dans environ 20 % des cas. Mais c'est la première fois qu'on constate à la fois une multirésistance et un développement rapide de la maladie. Toutefois, on ne peut pas dire aujourd'hui si cela est dû au virus. Il semble p