Hagenthal-le-Bas (Haut-Rhin) envoyé spécial
Face à l'inertie des industriels suisses de la chimie, Greenpeace tape du poing sur la table. Equipés de masques à gaz et vêtus de combinaisons rouges, les militants de l'ONG ont organisé hier matin un happening sur la décharge sauvage du Letten, à Hagenthal-le-Bas (Haut-Rhin), et ont révélé les résultats d'une étude des sols qui laisse apparaître des concentrations alarmantes de substances toxiques sur ce site où ont été enfouies, entre 1957 et 1961, au moins 3 200 tonnes de déchets chimiques en provenance des usines de Bâle, à 10 kilomètres au-delà de la frontière (Libération du 15 juin 2004).
Résidus. Greenpeace a fait analyser par un laboratoire suisse des échantillons de déchets toxiques prélevés à la surface de la décharge du Letten, l'un des 11 sites dans un rayon de 15 kilomètres autour de Bâle où auraient été enfouis au total 35 000 tonnes de résidus chimiques entre 1945 et 1961. Selon les résultats communiqués par l'ONG, l'un des déchets examinés contient 43 produits chimiques différents et est «chargé d'au moins 150 g/kg de produits chimiques parfois hautement toxiques», dont «50 g/kg de nitrobenzène», un produit «peut-être cancérigène chez l'homme et que l'on soupçonne de compromettre la capacité reproductrice». «Ce sont des concentrations extrêmes qui mettent en danger la santé et l'environnement», notamment la nappe phréatique, accuse Aurèle Clémencin, de Greenpeace France, qui reproche aux autorités françaises d'entret