Le jardin d'Eden reverdira-t-il ? Pour une fois, des nouvelles en provenance d'Irak sont de bon augure. Près de 20 % des marais de Mésopotamie, asséchés par le régime de Saddam Hussein, étaient de nouveau en eau il y a un an, sans doute beaucoup plus aujourd'hui. C'est ce qu'a indiqué le chercheur Curtis Richardson lors de la conférence annuelle de l'Association américaine pour la promotion de la science, et dans un article à paraître cette semaine. (1)
Filtre. De l'avis de certains historiens, ces marais ne seraient autre que le jardin biblique d'Eden. Alimentés par les eaux du Tigre et de l'Euphrate, ils occupaient, il y a encore quelques décennies, 15 000 kilomètres carrés au sud de l'Irak. Ces marais servaient d'étape à des millions d'oiseaux migrateurs sur leur trajet entre la Sibérie et l'Afrique. Véritable nurserie de poissons et crustacés, les marais jouaient le rôle de filtre naturel des eaux du Tigre et de l'Euphrate avant qu'elles ne se déversent dans le golfe Persique. Mais ces marais étaient aussi, depuis des siècles, un sanctuaire pour de nombreux réfugiés. Et la terre d'une population chiite, d'environ 500 000 personnes, qui s'était soulevée contre le régime de Saddam Hussein en 1991. Dès l'année suivante, Bagdad avait, sous le couvert d'un vaste programme agraire, méthodiquement asséché la région pour chasser la population de ses maisons flottantes et permettre l'accès à son armée. Une vaste entreprise d'érection de barrages, de digues et de canaux de drainage