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Libération

Une loi sur l'eau qui coule dans le sens des agriculteurs

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publié le 9 mars 2005 à 0h53

Tout est dans l'ordre des choses. Le projet de loi sur l'eau présenté ce matin au Conseil des ministres ravit les agriculteurs, énerve les écologistes et laisse totalement froid l'usager lambda, tant le dossier est complexe. Pourtant, cette future loi sur l'eau illustre parfaitement ­ et une fois de plus ­ le paradoxe entre les actes et les discours gouvernementaux en faveur de l'environnement. La nouvelle loi est rendue nécessaire par la transposition de la directive cadre européenne datant de 2000 qui vise «le bon état écologique des eaux» en 2015. Ce fameux «bon état écologique» sera très difficile à atteindre car, en France, les ressources en eau sont archipolluées. D'après l'Institut français de l'environnement (Ifen), 75 % des 1 500 cours d'eau analysés sont contaminés par des pesticides, ainsi que 57 % des 3 600 nappes souterraines. A ces résultats peu encourageants s'ajoutent les pollutions aux nitrates issus des élevages et des engrais azotés. Sur ce sujet, plus de la moitié du territoire est classée en «zone vulnérable».

Electorat. Il faut donc un outil législatif fort pour protéger cette ressource vitale. Malheureusement, le texte présenté aujourd'hui «manque cruellement d'ambition», selon diverses associations de protection de la nature. Principal échec : la loi n'impose aucune nouvelle taxe aux agriculteurs pourtant responsables, à travers les engrais et les déjections des élevages, de l'essentiel des pollutions aux nitrates, phosphore et pesticides. Il est vrai