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Libération
Interview

«Il faut une assurance maladie mondiale»

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publié le 17 mars 2005 à 1h01

Bernard Kouchner vient de visiter quatre pays africains (Ghana, Mali, Burkina Faso et Bénin), comme président d'Esther (1), une structure de coopération française en matière de prise en charge des malades du sida, qui repose sur la solidarité hospitalière des hôpitaux du Nord vers le Sud.

Quel est votre sentiment après cette tournée ?

J'ai trouvé les acteurs locaux concernés, et politiquement décidés jusqu'au plus haut sommet de l'Etat. Il s'agit d'un vrai changement par rapport aux années récentes. Bien sûr, le nombre de personnes traitées reste marginal : 3 000 au Mali, 3 000 au Bénin, très peu au Ghana. Mais la résistance majeure a sauté. Et tous sont convaincus : l'accès aux traitements sera gratuit et il sera ouvert à tous. En cela, c'est un progrès majeur.

Les pays bailleurs jouent-ils le jeu ?

On trouve encore des ministères de la Coopération occidentaux qui résistent quand on leur parle des traitements. Mais ce sont des combats d'arrière-garde. Les Etats-Unis ? Avec le précédent ministre de la Santé, nous avions réussi à monter certains projets. Aujourd'hui, on peut être intrigué que, sur le terrain, les Etats-Unis utilisent surtout des ONG au discours souvent messianique, privilégiant l'abstinence ou la fidélité plutôt que l'usage du préservatif. Et, comme on le sait, les Etats-Unis font essentiellement du bilatéral, au coup par coup. Il n'empêche, l'évolution est saisissante. En Afrique du Sud, les antirétroviraux arrivent, ils sont gratuits. Il y a eu un virage à 180