Tous les spécialistes de la lutte contre le sida ont les yeux tournés vers l'Inde. Le Parlement doit y voter ces jours-ci une loi sur les brevets de médicaments, menaçant l'approvisionnement en copies génériques à bas prix de traitements antirétroviraux dont l'Inde est le plus gros pourvoyeur pour les pays du Sud. L'Inde doit «sauvegarder l'accès à des médicaments à prix abordables», a exhorté mardi Médecins sans frontières.
C'est pour se plier à ses engagements devant l'Organisation mondiale du commerce que l'Inde doit introduire des brevets sur les médicaments. Une mutation radicale pour un pays où des laboratoires locaux, comme Cipla, se sont spécialisés dans la copie de molécules conçues en Occident. Vendus une fraction du prix des originaux, ces génériques ont rendu «abordables les traitements antirétroviraux et ils ont poussé les grands laboratoires à baisser leurs prix pour les pays pauvres», souligne Annick Hamel, de MSF, qui estime que les molécules venues d'Inde soignent la moitié des 700 000 malades traités dans les pays en développement.
L'Inde ne remettra pas en cause l'existence de copies de molécules datant d'avant 1995. Mais interdira toute copie d'un nouveau médicament breveté et pourrait aussi menacer les génériques conçus ces dix dernières années, le texte prévoyant un mécanisme de brevets rétroactifs sur cette durée. Au risque de renchérir les molécules récentes. «Quand il n'y a pas de concurrence des génériques, on passe d'un coût annuel par patient de 200