A l'échelle planétaire, les estimations annuelles sont impressionnantes : 9 millions de nouveaux cas de tuberculose, 1,7 million de décès. «Près de cinq mille morts par jour, l'équivalent de quinze gros avions qui s'écrasent», traduit le Dr Léopold Blanc, qui présentait hier le rapport 2005 sur la tuberculose de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), à la veille de la journée mondiale consacrée à cette maladie infectieuse (1). Mais c'est de loin sur le continent africain, où tuberculose et sida sont étroitement imbriqués, que la situation est la plus dramatique. Au point que des ONG, comme Médecins sans frontières (2), n'hésitent pas à remettre ouvertement en cause la stratégie de lutte antituberculeuse de l'OMS, engagée au milieu des années 90.
Scandale. Le bilan 2005 a de quoi faire frémir. «Depuis dix ans, le nombre de malades tuberculeux a été multiplié par 4 à 5 en Afrique ; et par un facteur 6 à 7 dans les pays les plus touchés par le sida, précise le Dr Léopold Blanc. Sur ce continent, la tuberculose progresse de 4 % par an, alors qu'elle est stable ou en régression dans la plus grande partie du monde.» En clair, l'épidémie de sida a fait flamber la tuberculose, et l'Afrique doit désormais faire face à un couple infernal : jusqu'à la moitié des malades vivant avec le VIH contractent la tuberculose, qui est devenue la première cause de mortalité dans le sida.
Le scandale, ajoute le représentant de l'OMS, «c'est qu'aujourd'hui seulement la moitié des malades ont accès