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Libération
Interview

«Les victimes financent le budget dépollution»

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publié le 5 avril 2005 à 1h29

Gilles Huet est délégué régional de l'association Eau et Rivières de Bretagne. D'après lui, le projet de loi sur l'eau actuel va à l'encontre des objectifs que la France s'est fixés dans le cadre de l'Europe.

Que contestez-vous dans le projet de loi sur l'eau ?

Il est en décalage complet avec la réalité de la situation française et les objectifs du pays fixés par l'Europe. La réalité en France, c'est qu'on trouve des pesticides dans les trois-quarts des rivières surveillées. Sachant cela, les objectifs sur lesquels nous nous sommes engagés, à savoir le bon état écologique des eaux en 2015, seront difficiles à atteindre sans texte législatif fort. Celui que nous a présenté notre ministre de l'Ecologie est tout simplement vide. Il faut savoir qu'il y a trois grandes difficultés concernant nos eaux : les pollutions diffuses produites par les nitrates et les produits phytosanitaires, donc majoritairement issues de l'agriculture, et la protection de la ressource naturelle. Dans le texte de monsieur Lepeltier, la redevance sur l'azote passe à la trappe. Rien de dissuasif ne pousse les agriculteurs à utiliser moins de pesticides et rien n'incite la totalité des acteurs ­ particuliers, agriculteurs et industriels ­ aux économies d'eau. Par ailleurs, cette future loi consacre un nouveau principe, celui du pollué-payeur. Il ne change pas d'une virgule la situation existante : les consommateurs continueront de payer plus de 80 % des redevances aux agences de l'eau, les industriels 14 %,