Quels sont les cancers dont l'augmentation pourrait être liée à un risque environnemental ? Comment étudier et mesurer ces risques ? Près d'un an après l'annonce du plan santé-environnement, où Jean-Pierre Raffarin avait estimé entre 7 et 20 % la part des cancers liés à la dégradation de l'environnement, l'Inserm a rendu publique hier une expertise collective sur le sujet. Elle avait été commandée par l'Agence française de sécurité sanitaire environnementale (Afsse), demandeuse, dans un contexte assez polémique, d'une «base de données et de méthodes d'étude fiables». Côté chiffres, la mise au point n'est pas inutile.
Alarmant. Contrairement à une idée répandue, les cancers de l'enfant ne sont pas en augmentation en France, du moins depuis dix ans. «On recense 1 500 nouveaux cas par an, principalement des leucémies et des tumeurs du système nerveux, précise l'épidémiologiste Guy Launoy (Caen). L'environnement est probablement en cause dans un certain nombre de cancers pédiatriques, que leur incidence augmente ou pas.» Chez l'adulte, l'évolution est beaucoup plus alarmante. «Entre 1980 et 2000, le nombre de nouveaux cas annuels de cancers est passé de 170 000 à 278 000, soit une augmentation de 63 %, poursuit Guy Launoy. L'évolution démographique croissance et vieillissement de la population explique à elle seule près de la moitié de cette hausse, mais il reste 55 % d'augmentation réelle de la fréquence.» La France est par ailleurs lanterne rouge européenne pour les cancers