C'est une bourde monumentale. «Une très grave erreur de laboratoire, pas anodine du tout», estime Antoine Flahaut directeur du réseau de surveillance de la grippe de l'Inserm. «Extrêmement étonnante et rarissime.»
Le virus de la grippe asiatique, celui qui a fait de 4 à 5 millions de morts en 1957-1958, celui dont on n'est arrivés à se débarrasser qu'en 1968, celui dont l'horizon se limite depuis lors aux éprouvettes de quelques vingtaines de laboratoires dans le monde, vient de se faire offrir un petit tour du globe. C'est le Collège des pathologistes américains qui lui a payé le billet. En octobre, il a envoyé des échantillons de H2N2 à 3747 laboratoires de 18 pays différents. Pour tester leurs capacités de détections. Au risque de remettre en circulation un virus extrêmement dangereux.
Erreur d'étiquetage. «Ce type d'échange de matériel infectieux est fréquent, explique Jean-Claude Manuguerra, virologue à l'institut Pasteur. Un laboratoire se charge d'envoyer une préparation sans dire ce qu'il y a dedans, ni à quelle dose.» Aux destinataires de l'analyser. Une procédure de contrôle qualité indispensable. Mais, dans ce type d'exercice, «on n'envoie jamais de virus avec une pathogénicité potentiellement très grave, ce qui est le cas ici, affirme encore Antoine Flahaut. Est-ce une erreur ou un acte délibéré absurde ? Probablement une erreur d'étiquetage, mais c'est incroyable».
C'est un labo canadien qui a donné le bon résultat d'analyse le premier. Il a tiqué.