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Libération

Kenya: d'arbre miracle en nature morte

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publié le 18 avril 2005 à 1h48

Salabani envoyé spécial

Ce n'est pas dans leur tradition mais, pendant la saison sèche, Kenneth Malu et les éleveurs de bétail des rives du lac Baringo deviennent bûcherons à mi-temps. Depuis une dizaine d'années, c'est devenu une question de survie, dans cette région semi-aride. A la machette, ils taillent un passage au milieu des Prosopis juliflora, des buissons épineux très denses envahissant leurs pâturages. Un «arbre miracle» devenu un vrai parasite.

Originaire d'Amérique du Sud, le prosopis a été introduit au Kenya dans les années 30. Avec l'objectif de créer des zones vertes dans les régions où les tourbillons de vent menaçaient d'achever l'érosion du sol, le gouvernement kényan en a planté de larges quantités en 1982 aux abords des lacs Baringo et Turkana et de la rivière Tana. Un projet soutenu par les experts de l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO) et financé par le gouvernement australien qui, depuis, a ironiquement classé le prosopis dans les plantes parasites et lancé une coûteuse campagne d'arrachement de ces épineux.

Repousse rapide. Les vaches de Kenneth se bousculent dans le chemin boueux. Au bord du lac, elles pourront manger et s'abreuver. «Ici, nous sommes seulement à deux kilomètres de l'eau», pointe Kenneth en direction de l'est. «Sans ce passage, nous serions obligés de marcher quatre kilomètres. Avec le bétail, ces buissons sont infranchissables. Et, même quand nous les coupons, ils repoussent très vite. Regardez à