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Libération

La Thaïlande pleure des rizières

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publié le 25 avril 2005 à 1h55

Nakhon Ratchasima (Thaïlande) envoyé spécial

Accroupie dans son champ, qui n'est plus qu'un agrégat de mottes de terre desséchées, Niong Bandit s'est couvert la tête d'une épaisse cagoule de laine pour se protéger du soleil implacable. Cette année, elle a renoncé à planter du riz sur son hectare dans le village de Kout Kha, au sud de la ville de Nakhon Ratchasima dans le Nord-Est thaïlandais : le barrage-réservoir proche de Lam Phra Ploeng est presque à sec et les autorités locales ont interdit d'en utiliser l'eau pour irriguer les champs. «Je ramasse des haricots verts pour en vendre les graines au kilo. Mais ils sont rabougris, complètement desséchés. Je vais en tirer au plus 1 500 bahts [30 euros], dix fois moins que si j'avais planté du riz. Cela fait huit mois qu'il n'a pas plu», dit-elle en collectant les légumes noirs et tordus dans un seau. Pendant des dizaines de kilomètres, on peut voir défiler les rizières à l'abandon, craquelées par le manque de pluie. «Trois ans que nous ne pouvons pas cultiver de riz, nous sommes obligés d'en acheter pour nous nourrir», se lamente Ratchadaporn Malakul, une agriculture du district de Tale Kham So, l'un des plus touchés par la sécheresse.

Les données du Département thaïlandais d'irrigation sont formelles : le niveau de sept des principaux barrages-réservoirs a fortement chuté ces trois dernières années et, depuis 2000, le Nord-Est a connu une réduction importante de la pluviométrie annuelle. «On a de moins en moins de pluie, de moi