Menu
Libération
Interview

«A Terre-Neuve, une chute de 97%»

Article réservé aux abonnés
publié le 30 avril 2005 à 2h00

Confronté depuis le milieu des années 80 au déclin continu de ses stocks de morue, le Canada a décrété en 1992 un moratoire sur la pêche de ce poisson, entraînant une crise économique sans précédent. Treize ans plus tard, explique Alain Fréchet ­ biologiste à l'institut de recherche Maurice-Lamontagne et responsable de l'évaluation des stocks de morue dans le nord du golfe du Saint-Laurent ­, la situation reste très précaire.

Comment se porte la morue canadienne ?

On recense une dizaine de stocks, regroupés en trois grands ensembles le long des côtes canadiennes. Plus on va vers le nord, vers Terre-Neuve et Labrador, plus la situation est précaire. Dans cette zone, les stocks ont baissé de 97 % au cours des trente dernières années. Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada estime que l'espèce est en voie de disparition ­ un statut qu'Ottawa pourrait lui accorder dès cet automne. Le deuxième groupe, qui englobe le golfe du Saint-Laurent et Saint-Pierre-et-Miquelon, a diminué dans le même temps de 80 % et pourrait bientôt être classé parmi les espèces menacées. Dans le nord du golfe du Saint-Laurent, on estime le stock actuel à 40 000 tonnes, dix fois moins qu'en 1983. Plus au sud, le déclin est de 14 % et la situation jugée préoccupante.

Le moratoire est donc un échec ?

C'est-à-dire que la pêche, ou plus exactement la surpêche, n'est pas l'unique responsable du déclin des stocks et de leur non-reconstitution. C'est un casse-tête complexe. On a recensé jusqu'à cinq