Confronté depuis le milieu des années 80 au déclin continu de ses stocks de morue, le Canada a décrété en 1992 un moratoire sur la pêche de ce poisson, entraînant une crise économique sans précédent. Treize ans plus tard, explique Alain Fréchet biologiste à l'institut de recherche Maurice-Lamontagne et responsable de l'évaluation des stocks de morue dans le nord du golfe du Saint-Laurent , la situation reste très précaire.
Comment se porte la morue canadienne ?
On recense une dizaine de stocks, regroupés en trois grands ensembles le long des côtes canadiennes. Plus on va vers le nord, vers Terre-Neuve et Labrador, plus la situation est précaire. Dans cette zone, les stocks ont baissé de 97 % au cours des trente dernières années. Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada estime que l'espèce est en voie de disparition un statut qu'Ottawa pourrait lui accorder dès cet automne. Le deuxième groupe, qui englobe le golfe du Saint-Laurent et Saint-Pierre-et-Miquelon, a diminué dans le même temps de 80 % et pourrait bientôt être classé parmi les espèces menacées. Dans le nord du golfe du Saint-Laurent, on estime le stock actuel à 40 000 tonnes, dix fois moins qu'en 1983. Plus au sud, le déclin est de 14 % et la situation jugée préoccupante.
Le moratoire est donc un échec ?
C'est-à-dire que la pêche, ou plus exactement la surpêche, n'est pas l'unique responsable du déclin des stocks et de leur non-reconstitution. C'est un casse-tête complexe. On a recensé jusqu'à cinq