A l'ombre des arbres de Polynésie française se déroule depuis quelques jours une féroce bataille. D'insectes : 540 microguêpes ont été lâchées sur les îles avec une mission, tenter de juguler l'expansion de la cicadelle, dite mouche pisseuse. Car Homalodisca coagulata est devenue bien encombrante. Arrivé accidentellement des Etats-Unis sur des plantes ornementales à la fin des années 90, cet insecte de 12 millimètres présente une particularité étonnante. Collé aux feuilles des arbres, il suce la sève et absorbe chaque jour de cent à mille fois son poids et «urine» autant qu'il boit. Comme si un être humain de 60 kilos rejetait 60 000 litres...
Brunissement. N'étant pas une espèce endémique, la mouche n'a pas rencontré de prédateur à Tahiti et a pu se développer de façon exponentielle. Les touristes ont dû abréger leurs siestes à l'ombre des arbres : il tombe une fine pluie légèrement sirupeuse. «Au début, on appelait ça la pluie du citadin car elle dérangeait surtout les touristes et peu les habitants de la Polynésie, explique Vincent Baron, ancien délégué du Cirad (centre de recherches agronomiques) en Polynésie. Nous nous sommes aperçus que cette pluie se déposait sur les fruits et qu'elle permettait le développement de champignons qui brunissaient les produits.» Les fruits noircis se vendent moins bien et les autorités ont décidé de passer à l'action contre ces boit-sans-soif.
Selon Michel Martinez, entomologiste à l'Inra de Montpellier, «dans ce type de biotope ouvert, il