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Libération

La difficile éradication de la maladie

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L'antibiothérapie guérit mais les populations les plus pauvres n'y ont pas accès.
publié le 13 mai 2005 à 2h09

A la différence de la peste, la lèpre n'a jamais provoqué d'immenses épidémies meurtrières et n'a pas modelé l'immunité humaine, mais elle a profondément marqué l'imaginaire des sociétés européennes (1). Parce que les difformités et ulcères qu'elle provoque ont inspiré la peur. Et parce que les historiens du XIXe siècle ont forcé le trait en décrivant le sort fait aux «ladres» du Moyen Age. Il n'en reste pas moins que lorsque la lèpre a sévi en Europe occidentale, entre les XIe et XIVe siècles, les malades furent souvent l'objet de dénonciations puis de procès, suivis d'exclusion de la société (léproseries, signes distinctifs) et parfois de l'Eglise. Pour des raisons mystérieuses, la maladie a décliné au début du XVe siècle pour disparaître au XVIIe en Europe occidentale, cédant la place à la tuberculose (proche voisine) et à la syphilis.

Aujourd'hui, la maladie peut être guérie par une antibiothérapie lourde et longue (un an de prise quotidienne), à laquelle n'ont pas accès les populations les plus défavorisées de la planète. De fait, en 2003, 513 798 nouveaux cas ont été recensés, notamment en Inde et au Brésil. En l'absence de traitement, la maladie est difficile à faire reculer car la période d'incubation est longue (cinq ans en moyenne) et contaminante. La lèpre ne s'attrape toutefois que par contact direct avec les sécrétions nasales d'une personne infectée. La mise au point d'un vaccin relève de la mission impossible, la bactérie étant difficile à étudier : elle ne peu