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Libération
Interview

«Un processus de privatisation pernicieux»

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publié le 14 mai 2005 à 2h10

David Pessey est représentant de la Coalition ghanéenne contre la privatisation de l'eau (NCAP), une association composée notamment de syndicalistes et d'écologistes qui se bat depuis cinq ans au Ghana pour obtenir davantage de transparence dans le processus de modernisation en cours du système de gestion de l'eau. Même si Suez ne fait pas partie des entreprises intéressées par ce marché, il a tenu à défiler ­ à l'invitation de l'ONG les Amis de la Terre ­ devant l'assemblée générale de la multinationale. Par «solidarité».

Pourquoi êtes-vous venu manifester aujourd'hui à Paris ?

Parce que le Ghana est menacé par ce même processus de privatisation de l'eau qui a conduit Suez à s'implanter dans un certain nombre de pays pour ramasser la mise à leurs dépens. C'est un processus très pernicieux qui s'effectue sous l'égide de la Banque mondiale. Au Ghana, depuis une dizaine d'années, celle-ci pose comme condition à son aide financière la privatisation du secteur de l'eau. Une réforme qui exclut de fait l'entreprise nationale, qui a d'autant moins les moyens de soumissionner qu'elle est déjà très endettée.

Ce processus de privatisation a été entamé il y a quelques années, l'air de rien, quand le gouvernement a entrepris de séparer le système des égouts de celui de l'eau, puis le système des eaux rurales de celui des eaux urbaines. Le Ghana étant un pays très pauvre, où 40 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, principalement en dehors des villes, l'idée était d'isoler