Ravageuse pour la forêt tropicale, la recherche de l'or en Guyane l'est aussi pour la santé des Amérindiens. Traditionnellement consommateurs des poissons qu'ils pêchent dans les fleuves et les rivières, ceux-ci sont exposés aux risques d'une intoxication au mercure. Chaque année, cinq à dix tonnes de ce métal dangereux sont déversées dans les rivières par les orpailleurs qui l'utilisent pour amalgamer les paillettes d'or. Dans l'eau, le métal se transforme en méthylmercure qui se concentre dans les tissus des poissons carnivores.
Or, le méthylmercure est neurotoxique. Il peut entraîner des troubles de l'équilibre et de la marche, des diminutions de l'acuité auditive, un rétrécissement du champ visuel... Il est également connu, depuis la catastrophe de Minamata (en 1975 au Japon), pour provoquer, à forte dose, des malformations foetales. Et de fait, plusieurs cas de malformations congénitales ont été signalés ces dernières années par les médecins des centres de santé du haut Maroni. Depuis, l'inquiétude s'est propagée. L'Institut national de veille sanitaire (INVS) a donc programmé, dès l'an dernier, une étude épidémiologique sur un «éventuel excès de malformations congénitales» dans ces villages. Cette enquête va démarrer le mois prochain. Entretien avec le docteur Philippe Quenel, qui dirige la cellule interrégionale d'épidémiologie (Cire) Antilles-Guyane, antenne locale de l'INVS.
Pourquoi cette étude ?
Nous voulons quitter le champ de la rumeur et répondre à l'inquiétude de