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Libération

Les séropositifs mis au ban du Nigeria

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publié le 24 mai 2005 à 2h18

Lagos de notre correspondante

Lorsque l'Imperial Hospital de Lagos, au Nigeria, a découvert il y a cinq ans que l'infirmière Georgina Ahamefule était séropositive, il l'a renvoyée. Prenant son courage à deux mains, après un an de réflexion, elle s'est tournée vers la justice. En vain. Convaincu qu'elle allait, par sa seule présence, infecter les membres du tribunal, le juge lui a interdit l'accès à la salle d'audience. Depuis, ce magistrat est parti à la retraite, un second lui a succédé, puis un troisième, le dossier de Georgina est resté en souffrance.

De nombreuses entreprises pratiquent le test sauvage au cours d'examens médicaux «de routine» avant l'embauche, avant une promotion, ou au cours d'une carrière. Le renvoi sanctionne souvent la séropositivité. Le «cas Georgina» fut historique : pour la première fois au Nigeria, un employé ainsi congédié tentait une action en justice. Longue, hasardeuse et coûteuse, cette démarche reste rarissime. Les autorités ont annoncé la mise en place d'une politique de lutte contre la discrimination sur les lieux de travail. Mais «une politique nationale n'est pas une loi», souligne Bede Izefule, de l'ONG Access to Right.

Rarissime. En matière de droits des personnes vivant avec le VIH, le fondement légal reste inexistant. Le principal obstacle n'est pourtant pas juridique, mais psychologique. Perte d'emploi, mise au ban de la famille, «l'annonce d'une séropositivité est souvent suivie d'un suicide», explique Kingsley Obom Egbulem, de l'ONG