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Libération

Tchad, le pays de l'eau rare

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publié le 31 mai 2005 à 2h23

Est du Tchad envoyée spéciale

Un vent brûlant et sec s'abat soudain sur le marché, paralysant l'activité de cette fin de matinée. Une femme examine des tomates un peu desséchées regroupées sur une natte. Malgré ses tentatives pour faire baisser le prix, la commerçante au visage enfantin, drapée dans son voile multicolore, ne transige pas. «Grâce à ces maigres revenus, je peux payer mes deux fûts d'eau quotidiens de 200 litres. Désormais, mon commerce ne sert plus qu'à acheter de l'eau pour la famille et le bétail, je ne pense plus qu'à ça», explique cette jeune mère tchadienne. Chaque jour, des camions-citernes transportent de l'eau depuis un forage situé à une quarantaine de kilomètres du village pour être vendue aux habitants. Depuis six mois, le puits le plus proche du hameau est tari. Dans tout l'est du Tchad, zone semi-désertique et aride, l'eau est une denrée rare et la présence de 200 000 réfugiés soudanais, qui ont fui la guerre du Darfour, pèse lourdement sur les faibles ressources naturelles. D'où les tensions entre réfugiés et population locale. «Cette région n'a jamais subi de telles agglomérations de personnes, constate unresponsable local. Le nombre d'habitants a été multiplié par dix dans certains villages.»

Faible quantité. Le Haut Commissariat aux réfugiés, ainsi que plusieurs ONG ont maintes fois sonné l'alarme : les standards de distribution d'eau (15 litres par jour et par personne) sont loin d'être respectés dans les camps même si, depuis toujours, les hab