Depuis le dépôt de la plainte d'Eaux et Rivières, en 2000, plusieurs études scientifiques, contestées par Monsanto, ont été menées sur l'impact sanitaire du Roundup. Ainsi l'équipe de recherche «Cycles cellulaires et développement» du CNRS à Roscoff (Finistère) a mis en évidence le caractère potentiellement cancérigène de l'herbicide (1). Entretien avec le professeur Robert Bellé, responsable du programme.
Quelles sont les conclusions de l'étude ?
Nous avons utilisé le modèle marin de l'oursin (2). En plongeant des cellules d'oursin dans des solutions de Roundup, nous avons observé que ce produit retarde le mécanisme naturel de la division cellulaire. En fait, il provoque la mobilisation de ce qu'on appelle en biologie les «check points». Ce sont des mécanismes de contrôle des dommages de l'ADN qui ne s'activent qu'en cas de problème, et notamment face à des produits cancérigènes. Nous avons donc acquis la certitude que le Roundup risque de provoquer des cancers. Ce qu'on ne sait pas, c'est combien et quand.
Comment en savoir plus ?
A partir du stress initial d'une cellule, il faut quarante ans pour développer un cancer. Il faudra donc développer des études épidémiologiques mais nous manquons de recul : ces produits ne sont utilisés de façon massive en France que depuis quinze à vingt ans. Et puis il faudra parvenir à comparer des cohortes d'utilisateurs de Roundup, ou de personnes exposées, à d'autres cohortes exemptes de tout contact avec le produit.
En attendant, faut-il suspe