Pour l'ONU, «une catastrophe silencieuse se prépare au Niger». A moins qu'elle ne soit déjà là. Dans certaines zones de ce pays sahélien, les paysans en sont réduits à creuser les termitières dans l'espoir de recueillir des grains de mil, une des bases de l'alimentation au Niger, stockés par les insectes. D'autres tentent de survivre en mangeant des feuilles et des fruits sauvages, parfois toxiques... Dans un centre d'accueil installé à Maradi, dans l'est du pays, les équipes médicales de Médecins sans frontières (MSF) ont recensé une moyenne de dix à quinze décès par semaine parmi les enfants souffrant de malnutrition sévère.
Dans ce pays aride qui parvient d'ordinaire à assurer vaille que vaille son autosuffisance alimentaire, la conjonction de deux facteurs a précipité la crise alimentaire : l'invasion des criquets pèlerins, l'été dernier, et un déficit hydrique sévère. Les mauvaises récoltes céréalières ont fait grimper les prix, qui ont atteint des plafonds prohibitifs pour la majorité de la population, l'une des plus pauvres de la planète, tandis que les éleveurs bradent leur cheptel. Les 100 kilos de mil coûtent aujourd'hui près de 20 000 francs CFA (30 euros), contre 13 000 habituellement (20 euros).
Selon les estimations des Nations unies, 800 000 enfants souffrent actuellement de la faim au Niger, dont 150 000 en état de sévère malnutrition. Les autorités locales ont lancé un appel à l'aide internationale pour secourir 3,6 millions de personnes sur un total de 12 mil