Les immenses champs de blé qui ondulent sous le vent seraient-ils sous leurs airs inoffensifs de redoutables extincteurs d'espèces ? Les insectes y sont malvenus, et en conséquence, certains oiseaux n'ont plus rien à se mettre dans le bec. La culture céréalière intensive n'a pas seulement remodelé le paysage, elle modifie la biodiversité. En Poitou-Charentes, près de Niort, une expérience originale est menée entre chercheurs et agriculteurs pour reconquérir certaines espèces. La moitié des espèces d'oiseaux qui vivent sur des terres cultivées sont menacées. Le nombre de perdrix grises a diminué de 80 % en Europe, tandis que la grande outarde a complètement disparu de France au début du XXe siècle.
Depuis la mise en place de la Politique agricole commune (PAC) en 1962, le nombre d'agriculteurs diminue, les parcelles de plus en plus grandes sont huit fois moins nombreuses qu'il y a trente ans, les prairies ont presque disparu (moins 30 % entre 1973 et 2004). Et, avec elles, les insectes dont se nourrissent les oiseaux. Pourtant, aucun effort de conservation n'a été entrepris et on commence tout juste à étudier les conséquences environnementales de ces bouleversements.
Oiseau emblématique de ces espaces, l'outarde canepetière, Tetrax tetrax, dont le nombre a diminué de 90 % depuis 1960. Plus grosse espèce d'oiseau de plaine (un kilo), on la trouvait partout dans les pays entre l'Ukraine et la France notamment en région parisienne. Selon Vincent Bretagnolle, chercheur au CNR