Montréal de notre correspondante
Il y a trois semaines, à New York, le chef des Innus de Betsiamites (petite communauté du nord-est du Québec) participait au Forum des Nations unies sur la forêt, organisé par l'Instance permanente sur les peuples autochtones. Comme l'avaient fait avant lui les Cris de la Baie James (1), Raphaël Picard a relaté, devant les représentants des Etats membres de l'ONU, le combat juridique qu'il mène depuis l'automne dans la province canadienne pour faire respecter les droits de son peuple et dénoncer l'exploitation qui se fait sans son aval sur le territoire ancestral. Au centre du litige qui l'oppose au gouvernement québécois et à la compagnie forestière Kruger, l'île René-Levasseur, une île ronde de 2 000 km2, sur laquelle les Innus revendiquent des droits et qu'ils considèrent comme sacrée c'est, en outre, l'une des plus anciennes forêts boréales québécoises. Mi-juin, dans une décision très attendue par l'ensemble des nations autochtones de la province, une juge de la Cour supérieure du Québec a donné raison aux Innus. En attendant que l'injonction (permanente) déposée par les autochtones soit débattue en décembre, elle a ordonné à la papetière Kruger de cesser immédiatement toute activité forestière sur l'île René-Levasseur.
«Première étape». Même si le jugement risque d'envenimer les relations déjà tendues entre les Blancs et les autochtones, Raphaël Picard s'est montré très satisfait de la décision. Il a estimé qu'elle était «une première ét