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Libération

L'eau qui fait défaut au maïs des Deux-Sèvres

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publié le 30 juin 2005 à 2h47

Vallée de la Boutonne (Deux-Sèvres), envoyé spécial.

Le ciel s'obscurcit, l'orage gronde. Plantés au milieu d'un champ de maïs près de Chizé (Deux-Sèvres), Michel et Gérard se regardent, sans même esquisser un sourire. En temps normal, ces deux agriculteurs ne pourraient pas se voir entre des pieds de maïs haut de deux mètres. Mais, en cette fin de mois de juin, leurs maïs atteignent péniblement les 70 cm. «Ils sont déjà foutus, explique Michel. Cela fait trop longtemps qu'on a la sécheresse et trop longtemps qu'on n'a plus le droit d'arroser. Ni cet orage ni le déluge ne nous sauveront.» Michel peste entre les gouttes. Contre la préfecture, qui l'empêche d'irriguer ses champs, comme contre «les environnementalistes», qui se battent pour préserver les débits des cours d'eau.

Danger. La sécheresse échauffe les esprits. «On n'est pas des voyous, on est plutôt du côté de Gandhi», assure Michel, qui n'envisage pas, contrairement à d'autres agriculteurs de la région, le rapport de force. Il regarde son enrouleur, cette grande machine de «250 000 francs» (plus de 38 000 euros), interdite d'arroser depuis le 1er avril, et calcule ses pertes : 1 200 euros par hectare, selon lui. Gérard pointe son doigt vers le sud. «A 5 kilomètres d'ici, c'est le département de Charente-Maritime. Il n'y a pas de poste-frontière et pourtant, eux, ils ont le droit d'arroser toutes les nuits. C'est injuste.» Eric connaît bien la situation. Il possède un champ de maïs dans un département, et un autre dans