Chennai (Tamil Nadu) envoyé spécial
En 1860 déjà, A.D. Taylor, commander de la marine britannique, avait rêvé d'un chenal maritime reliant le golfe de Mannar (pointe sud de l'Inde) à la baie de Palk, sur la côte est. L'ouverture d'un tel passage aurait permis aux navires britanniques en provenance d'Europe de ne plus contourner l'île du Sri Lanka pour rejoindre la côte d'où opérait la East India Company. Car, dans le détroit qui sépare l'Inde et le Sri Lanka, l'océan Indien n'est pas assez profond pour accueillir les navires de commerce ou militaires.
Contournement. Près d'un siècle et demi plus tard, le rêve du commander Taylor est sur le point de devenir réalité. Samedi, le Premier ministre indien, Manmohan Singh, a donné le coup d'envoi du Sethusamudran Ship Canal Project (SSCP), un projet pharaonique, et très controversé : plusieurs centaines d'écologistes qui manifestaient leur colère contre ce chantier ont été arrêtées par la police. Pour plus de 430 millions d'euros, New Delhi compte draguer dans l'océan un chenal de 152 kilomètres de long, 300 mètres de large, et 12 mètres de profondeur, afin que les bateaux puissent enfin contourner la péninsule tout en restant dans les eaux territoriales indiennes. Cela se traduira par un raccourci de 400 milles nautiques (740 km), ce qui représente 24 à 36 heures gagnées sur le trajet. Une économie de temps mais aussi de carburant, sans compter l'intérêt stratégique puisque «la marine indienne pourra circuler librement sur l'intégra