Chennai (Madras) envoyé spécial
En 1983, Anna Saheb avait eu une idée de génie. Bricoleur, ce paysan du Karnataka, au sud de l'Inde, avait conçu un canon à eau pour arroser ses champs. D'une portée de 35 mètres, il réduisait de moitié la consommation d'eau, permettait de gagner du temps, pouvait être manoeuvré par un seul homme et augmentait les rendements d'environ 10 %. Vingt ans plus tard, Anna Saheb restait toutefois le seul, avec quelques voisins, à utiliser sa trouvaille. Jusqu'a ce qu'il rencontre Rural Innovations Network (RIN), une petite ONG basée à Chennai, au Tamil Nadu, qui déniche des inventions simples et écologiques susceptibles d'améliorer les conditions de vie en milieu rural pour tenter de les commercialiser à grande échelle. Un an et demi plus tard, le Varsha Raingun, désormais fabriqué par une usine locale, s'est déjà vendu à 150 exemplaires. Anna Saheb, lui, touche 10 % sur chaque vente.
Vide. Depuis sa création en 2001, RIN a mis sur le marché une dizaine de produits novateurs, comblant ainsi un vide laissé par les industries. «Les entreprises traditionnelles ne se préoccupent quasiment pas des campagnes dans ce pays, parce qu'elles n'en connaissent pas les besoins, et parce que la distribution y est très difficile», explique Paul Basil, le fondateur de RIN. Quant aux machines étrangères, elles sont bien trop chères, et souvent inadaptées puisque l'exploitation moyenne ne dépasse pas un hectare. Dans ce contexte, «les ruraux sont obligés de se débrouille