Le sida lamine les communautés de pêcheurs en Ouganda. Une étude réalisée en 2004 autour des grands lacs du pays démontre que la prévalence s'élevait, comme sur les rives du lac George, jusqu'à 81 %. «En 1992, "seulement" 24 % des pêcheurs y étaient testés positifs.»
«Des chiffres alarmants, qui risquent d'annihiler des secteurs entiers de l'économie», estime Dick Nyeko, du ministère de l'Agriculture, qui a piloté l'étude. Laquelle y voit «une menace pour les compagnies piscicoles, l'élimination de la pauvreté et la croissance économique». Le secteur emploie 700 000 personnes, fait vivre 1,2 million de familles. Il pèse 12 % du PNB et 20 % des exportations du pays. «Les pêcheurs ont souvent recours à l'alcool et aux filles quand ils rentrent aux ports», explique le rapport. Le lac Victoria étant bordé par trois pays, les pêcheurs pratiquent aussi comme au Kenya, et notamment à Homa Bay, où 50 % de la population vit sous le seuil de pauvreté des échanges «poissons contre sexe» (Libération du 2 mars).
Fatalisme. L'accès au dépistage reste une question clé. Bien qu'il existe 700 centres dans le pays, peu opèrent auprès des pêcheurs. «Moins d'un tiers a accès à des centres de santé, note le rapport. Et les hôpitaux de districts accessibles peuvent être situés jusqu'à plus de six heures de transport.» Conséquences : le dépistage et l'accès aux traitements s'avèrent difficiles. En mars, une conférence de la FAO, l'agence onusienne pour l'agriculture, s'est penchée sur l'extrême