C'est un monde où le feu brûle sans cesse, où l'eau est imbuvable et l'air irrespirable. Les habitants du delta du Niger, la région pétrolifère du Nigeria, le disent : pour eux, le oil boom (boom pétrolier) s'est transformé en oil doom, en français : malédiction pétrolière. De nuit, vues d'avion, les centaines de torchères sont les seules sources lumineuses, telles d'énormes bougies plantées dans les ténèbres de la jungle marécageuse. Situées près des puits, elles brûlent les «gaz associés» aux nappes pétrolières, une activité désignée dans le jargon du secteur sous le nom de torchage. Les villageois alentour vivent dans un vrombissement continuel agrémenté de vapeurs nocives. Avec 2,5 millions de barils par jour, le Nigeria est le premier producteur africain de pétrole. Sa poule aux oeufs, d'or, le delta du Niger, est aussi la plus pauvre du pays. Outre le pétrole, le delta produit beaucoup de mouvements armés, d'insécurité et de protestations relatives aux violations des droits de l'homme et aux atteintes à l'environnement.
Soutien. C'est pourtant la première fois que le torchage est spécifiquement accusé. Des communautés et des ONG ont attaqué devant une haute cour fédérale l'Etat nigérian, la Société nationale du pétrole et les big five : Shell, Total, Agip, Exxonmobil, et Chevrontexaco. Cette version environnementale de David contre Goliath a été possible grâce au soutien d'un programme international appelé Justice Climat auquel participent entre autres