Débat public et nucléaire, le mariage est surprenant : depuis trente ans, les orientations énergétiques de la France sont en effet décidées et verrouillées par l'industrie électronucléaire et le monde politique. Pour faire bonne figure, les autorités administratives lancent donc à la rentrée, coup sur coup, deux débats nationaux concernant l'atome : l'un sur la nouvelle génération de réacteurs nucléaires, les fameux EPR, et l'autre sur les déchets radioactifs.
Avant même qu'ils démarrent, ces débats ont du plomb dans l'aile. Les pro comme les antinucléaires savent pertinemment que leurs conclusions ne pèseront pas lourd dans la balance des choix énergétiques français. Que ce soit à Bure ce week-end, lors du festival contre les déchets radioactifs, ou à Flamanville (lieu de l'implantation du futur EPR) où Greenpeace a pris d'assaut la plate-forme de forage d'EDF fin juillet, les militants l'affirment : ces débats n'ont que le mérite d'exister.
Celui sur l'EPR est incontournable car prévu par la loi. Tout maître d'ouvrage d'un équipement d'intérêt national doit saisir la Commission nationale du débat public (CNDP). En l'occurrence, il s'agit d'EDF. Les 21 membres de la CNDP décident ensuite de la pertinence de la discussion selon quatre critères (équipement d'intérêt national, enjeux socio-économiques, aménagement du territoire et protection de l'environnement). Le débat est pertinent, certes, mais il arrive après la bataille. L'EPR a été voté par les députés et les sénateurs da