En octobre, des experts de l'ONU diagnostiquaient au Niger un déficit céréalier de 223 000 tonnes pour l'année 2004-2005, soit 7,5 % des besoins nationaux. Ce «trou», creusé par la conjonction exceptionnelle d'une forte sécheresse et d'une invasion de criquets, était alors préoccupant, mais il n'avait rien de dramatique. Quelques mois plus tard, les images d'enfants décharnés pris en charge par les French doctors de Médecins sans frontières (MSF) envahissent les écrans de télé des pays riches et l'on estime que 3,5 millions de personnes sont en grand danger...
Comment est-on passé en si peu de temps d'un déficit céréalier relativement modeste à une véritable crise alimentaire qui suscite, tardivement, la mobilisation de la communauté internationale ? Si l'indifférence de celle-ci a eu un rôle non négligeable, elle n'explique pas tout. Ce drame signe aussi la faillite d'une idée : celle que le marché pourrait régler les problèmes de sécurité alimentaire dans l'un des pays les pauvres de la planète.
Bailleurs de fonds. Depuis une succession de sécheresses dans les années 70 et 80, le Niger a un «dispositif national de prévention et de gestion des crises alimentaires». C'est dans ce cadre que les autorités réagissent, en novembre, par la mise en place d'un système de ventes de céréales à prix modéré. Une politique activement soutenue par les agences internationales et les bailleurs de fonds (notamment par le premier d'entre eux, la France). Jusqu'à ces dernières semaines, ils est