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Libération

Un arrosage de golf pas très clair

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publié le 18 août 2005 à 3h20

Tourrettes (Var) envoyé spécial

Peut-on utiliser l'équivalent de la consommation en eau d'une ville de plusieurs milliers d'habitants pour arroser deux golfs de luxe, dans une région soumise à des restrictions pour cause de sécheresse ? La réponse est oui. En plus, c'est légal. Cela se passe à Tourrettes (Var), au domaine de Terre blanche, un lieu clos d'ultraluxe inauguré en mars 2004. Magnat allemand de l'informatique, Dietmar Hopp y a investi 200 millions d'euros, sur 266 ha. On y trouve un hôtel avec 115 suites, deux golfs, cent villas en projet (dont 15 réalisées et 15 lancées) (1). Pour arroser ses golfs, le domaine de Terre blanche a le droit, par arrêté préfectoral, de prélever 675 000 m3 d'eau brute (non potable) par an dans le lac artificiel tout proche de Saint-Cassien. Il a financé la station de pompage, et le raccordement. Bon prince, il n'en utilise, aux dires du gérant de Golf Resort Terre blanche, Jörg Eggen, que 440 000 m3. Et il ne prive personne : cette eau, achetée à la société du canal de Provence, est impropre à la consommation.

Choquant. Selon l'adjoint à l'urbanisme de Tourrettes, Pierre Lemoye, la ponction «ne fait baisser que de 3 cm le niveau du lac». Mais certains Varois n'apprécient pas. Une trentaine, dimanche, ont manifesté leur courroux. A leur tête, Claude Allongue, qui dénonce la «provocation» : «Comment peut-on avoir d'un côté le préfet qui demande de faire preuve de civisme, et de l'autre permettre un tel gâchis !» Jörg Eggen assure «compren