Vallée du Transito (Chili) envoyée spéciale
Déplacer des glaciers. C'est le projet que le groupe canadien Barrick Gold Corporation, le troisième plus grand exploitant d'or au monde, a soumis à l'Etat chilien. L'entreprise découperait des blocs d'une superficie totale de 20 hectares dans trois glaciers situés dans la cordillère des Andes, à 5 000 m d'altitude environ. Les blocs seraient ensuite transportés 2 à 5 km plus loin jusqu'à un autre glacier. L'opération permettrait de dégager l'emplacement pour exploiter une mine d'or, d'argent et de cuivre à ciel ouvert. Une mine parmi les plus grandes au monde, avec une production de 700 000 onces d'or (à 430 dollars l'once au cours actuel) par an sur dix-sept ans. A cheval entre le Chili et l'Argentine, ce projet, appelé Pascua-Lama, d'un investissement d'environ 1,5 milliard de dollars, pourrait voir le jour en 2006.
Aventure. Selon le spécialiste environnemental du projet, Simon Catchpole, «les blocs de glace déplacés vont fondre avec le temps au côté du glacier Guanaco et finalement, s'incorporer à lui». Une explication qui fait sourire l'écologiste argentin Raúl Montenegro, prix Nobel alternatif 2004, en lutte contre cette aventure. Il souligne : «Un glacier, ce n'est pas juste de la glace, mais un écosystème très sensible et mal connu. En couper une partie, c'est altérer le reste, et bouleverser le fragile équilibre hydraulique de la région.» Or, les glaciers alimentent en partie les nappes souterraines et les deux rivières des